"Tout comme le
bélier, le bouc symbolise la puissance génésique, la libido, la force
génitale, la fécondité. Mais cette similitude devient parfois une
opposition : car si le bélier est principalement diurne ou solaire, le
bouc, lui, est le plus souvent nocturne et lunaire, et enfin, il est
avant tout un animal tragique puisqu’il a donné, pour des raisons qui
nous échappent, son nom à une forme d’art : littéralement « tragédie »
veut dire « chant du bouc », et c’était à l’origine le chant dont on
accompagnait rituellement le sacrifice d’un bouc aux fêtes de
Dionysos.[...]
Sa vertu
sacrificielle apparaît aussi dans la Bible, où le bouc du sacrifice
mosaïque sert à expier les pêchés, les désobéissances et les impuretés
des Enfants d’Israël. « Il immolera alors le bouc destiné au sacrifice
pour le péché du peuple et il en portera le sang derrière le voile. Il
procédera avec ce sang comme avec celui du taureau, en faisant des
aspersions sur le propitiatoire et devant celui-ci. » (Lévitique, XVI,
15-16). Rien d’étonnant dès lors que, par une méconnaissance profonde du
symbole et par une perversion du sens de l’instinct, on ait fait
traditionellement du bouc l’image même de la luxure (Horace, Epodes,
X,XXIII). Et voici le tragique. Libidinosus, dit le poète latin de ce
bouc lascif qu’il veut immoler aux Tempêtes, comme si la libido
s’identifiait aux débordements sexuels et à la violence de la puissance
génésique. Dans cette perspective, le bouc, animal puant, devient un
symbole d’abomination, de réprobation ou, comme le dit Louis-Claude de
Saint Martin, de putréfaction et d’iniquité. Animal impur, tout animé
par son besoin de procréer, il n’est plus qu’un signe de malédiction,
qui prendra toute sa force au Moyen-Age ; le diable, dieu du sexe, est
alors représenté sous la forme d’un bouc. Dans les récits édifiants, la
présence du démon-telle le bouc-se signale par une odeur forte et âcre."
source: La Bibliothèque Diabolique
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