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vendredi 18 janvier 2013

Le bouc

"Tout comme le bélier, le bouc symbolise la puissance génésique, la libido, la force génitale, la fécondité. Mais cette similitude devient parfois une opposition : car si le bélier est principalement diurne ou solaire, le bouc, lui, est le plus souvent nocturne et lunaire, et enfin, il est avant tout un animal tragique puisqu’il a donné, pour des raisons qui nous échappent, son nom à une forme d’art : littéralement « tragédie » veut dire « chant du bouc », et c’était à l’origine le chant dont on accompagnait rituellement le sacrifice d’un bouc aux  fêtes de Dionysos.[...]
 
Sa vertu sacrificielle apparaît aussi dans la Bible, où le bouc du sacrifice mosaïque sert à expier les pêchés, les désobéissances et les impuretés des Enfants d’Israël. « Il immolera alors le bouc destiné au sacrifice pour le péché du peuple et il en portera le sang derrière le voile. Il procédera avec ce sang comme avec celui du taureau, en faisant des aspersions sur le propitiatoire et devant celui-ci. » (Lévitique, XVI, 15-16). Rien d’étonnant dès lors que, par une méconnaissance profonde du symbole et par une perversion du sens de l’instinct, on ait fait traditionellement du bouc l’image même de la luxure (Horace, Epodes, X,XXIII). Et voici le tragique. Libidinosus, dit le poète latin de ce bouc lascif qu’il veut immoler aux Tempêtes, comme si la libido s’identifiait aux débordements sexuels et à la violence de la puissance génésique. Dans cette perspective, le bouc, animal puant, devient un symbole d’abomination, de réprobation ou, comme le dit Louis-Claude de Saint Martin, de putréfaction et d’iniquité. Animal impur, tout animé par son besoin de procréer, il n’est plus qu’un signe de malédiction, qui prendra toute sa force au Moyen-Age ; le diable, dieu du sexe, est alors représenté sous la forme d’un bouc. Dans les récits édifiants, la présence du démon-telle le bouc-se signale par une odeur forte et âcre."

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