Papyri Osloenses, fasc. I, Magical Papyri edited by S. Eitrem, published by Det Norske videnskaps-Akademi i Oslo. Un vol. in-8°, 151 p. et XIII pl. Oslo, on commission by Jacob Dybwad, 1925.
Les papyrus publiés dans ce premier fascicule ont été rapportés d'Egypte par leur savant éditeur, M. S. Eitrem. Le premier est de beaucoup le plus important. Cent trente-huit pages lui sont consacrées, quatre suffisent aux autres documents. 2 et 3, très mutilés en effet, sont des débris de formules magiques. 6 est un horoscope. 5 est cette intéressante amulette chrétienne déjà publiée avec un commentaire et une phototypie par le même M. S. Eitrem et M. A. Fridrichsen (Ein christlisches Amulett dans Videnskapsselskapels Forhandliger, Osloiae, 1921). 4 nous offre la grossière figure du dieu Bès, debout, coiffé de plumes, et suivi d'un petit personnage, qui tient, dans sa main gauche, une tête, pendue par les cheveux, et dans sa droite, un couteau. L'image est encadrée par un grimoire, disposé [klimatoeidos]. L'exorcisme qui suit nous apprend qu'il s'agit d'amener "Héraklès, fils de Taépis", dans les bras d' "Allous, qu'enfanta Alexandria, sur le champ, sur le champ, vite, vite". Tous les lettrés se rappelleront la seconde idylle de Théocrite, et ce souvenir est plusieurs fois évoqué par S. Eitrem, dans le riche commentaire, dont il a accompagné le premier document.
Celui-ci - un grand rouleau, trouvé plié non roulé, qui sembe provenir du Fayoum, et plus précisément de Théadelphie - contient dix-neuf formules magiques : la plupart intéresse la vie érotique. On y trouve 7 nouvelles [agogaï] ou charmes d'amour, un [physikleidion] - le sens du mot est assez clair et nous dispense d'une traduction qui risquerait d'user de termes peu décents - un [asullepton] - dont le but est d'empêcher les femmes de concevoir, et une formule pour faire ouvrir une porte (anixis thuras), qui pourrait être celle d'une maîtresse désirée. Deux [lusipharmaca], charmes contre les poisons, quatre [thumoxatoxa], destinés à retenir la colère, à s'attirer la sympathie, le succès, la victoire, peuvent être utiles aux amoureux, mais ne les intéressent pas seuls. Comme beaucoup de papyrus magiques - le papyrus Mimaut par exemple, dont on doit la meilleure édition à M. S. Eitrem - le texte est illustré de grossiers dessins, qui représentent, souvent couverts de grimoires, les démons fantastiques que le magicien veut évoquer et qu'il faut reproduire sur l'amulette : c'est, par exemple, le [tuphoniaxon tsoidion], prescrit mais non dessiné, sur le P. Lond., 121. l.168 : il se nomme [Zagourè] appellation magique de Typhon (pl. 1) ; c'est un génie acéphale entouré de lettres et signes magiques ; un autre a une tête de coq (?) ; un autre, une tête de serpent, etc. Le papyrus d'Oslo se place donc au même rang que les célèbres papyrus magiques de Leyde, Londres, Paris et Berlin. Il date du IVe siècle après J.-C., époque où la magie a un rôle considérable. Qu'on se rappelle, sous Constance, la fameuse affaire du notaire Paul. La beauté du papier semble indiquer que la clientèle de nos magiciens était de condition aisée. On lui offrait des formules puisées à diverses sources, et qui devaient s'être passablement enrichies depuis le temps de la pauvre Simanetha, car elles nous présentent un mélange hétérogènes d'idées, venues de tous les points de l'horizon : Judaïsme, Christianisme, mythologie païenne, grecque ou égyptienne (celle-ci domine peut-être avec le souvenir persistant du mythe d'Osiris et d'ISis) s'y amalgament étrangement. En somme, le papyrus d'Oslo ne se distingue guère des textes du même genre. Il va sans dire qu'on ne peut pas toujours le comprendre intégralement. Il va sans dire aussi que le commentaire de S. Eitrem a rassemblé tout ce qui peut aider l'intelligence, avec la perspicacité et une érudition également admirables. Non seulement M. Eitrem connaît à fond les littératures antiques, mais, littératures modernes, folklore, histoire des religions, médecine magique, astrologie, il met tout en oeuvre pour illustrer le document si précieux pour l'histoire des superstitions et parfois même pour celles des idées. Le seul inconvénient de tant de richesse - mais il était inévitable - c'est que le lecteur se sent parfois pris de vertige devant cet amas de traditions disparates. Les planches, excellentes, montrent avec quelle maîtrise M. Eitrem s'est acquitté de sa tâche d'éditeur. Cette belle publication apportera une contribution de premier ordre au Corpus des papyrus magiques, que nous attendons de M. K. Preisendasz.
P. Jouguet
Celui-ci - un grand rouleau, trouvé plié non roulé, qui sembe provenir du Fayoum, et plus précisément de Théadelphie - contient dix-neuf formules magiques : la plupart intéresse la vie érotique. On y trouve 7 nouvelles [agogaï] ou charmes d'amour, un [physikleidion] - le sens du mot est assez clair et nous dispense d'une traduction qui risquerait d'user de termes peu décents - un [asullepton] - dont le but est d'empêcher les femmes de concevoir, et une formule pour faire ouvrir une porte (anixis thuras), qui pourrait être celle d'une maîtresse désirée. Deux [lusipharmaca], charmes contre les poisons, quatre [thumoxatoxa], destinés à retenir la colère, à s'attirer la sympathie, le succès, la victoire, peuvent être utiles aux amoureux, mais ne les intéressent pas seuls. Comme beaucoup de papyrus magiques - le papyrus Mimaut par exemple, dont on doit la meilleure édition à M. S. Eitrem - le texte est illustré de grossiers dessins, qui représentent, souvent couverts de grimoires, les démons fantastiques que le magicien veut évoquer et qu'il faut reproduire sur l'amulette : c'est, par exemple, le [tuphoniaxon tsoidion], prescrit mais non dessiné, sur le P. Lond., 121. l.168 : il se nomme [Zagourè] appellation magique de Typhon (pl. 1) ; c'est un génie acéphale entouré de lettres et signes magiques ; un autre a une tête de coq (?) ; un autre, une tête de serpent, etc. Le papyrus d'Oslo se place donc au même rang que les célèbres papyrus magiques de Leyde, Londres, Paris et Berlin. Il date du IVe siècle après J.-C., époque où la magie a un rôle considérable. Qu'on se rappelle, sous Constance, la fameuse affaire du notaire Paul. La beauté du papier semble indiquer que la clientèle de nos magiciens était de condition aisée. On lui offrait des formules puisées à diverses sources, et qui devaient s'être passablement enrichies depuis le temps de la pauvre Simanetha, car elles nous présentent un mélange hétérogènes d'idées, venues de tous les points de l'horizon : Judaïsme, Christianisme, mythologie païenne, grecque ou égyptienne (celle-ci domine peut-être avec le souvenir persistant du mythe d'Osiris et d'ISis) s'y amalgament étrangement. En somme, le papyrus d'Oslo ne se distingue guère des textes du même genre. Il va sans dire qu'on ne peut pas toujours le comprendre intégralement. Il va sans dire aussi que le commentaire de S. Eitrem a rassemblé tout ce qui peut aider l'intelligence, avec la perspicacité et une érudition également admirables. Non seulement M. Eitrem connaît à fond les littératures antiques, mais, littératures modernes, folklore, histoire des religions, médecine magique, astrologie, il met tout en oeuvre pour illustrer le document si précieux pour l'histoire des superstitions et parfois même pour celles des idées. Le seul inconvénient de tant de richesse - mais il était inévitable - c'est que le lecteur se sent parfois pris de vertige devant cet amas de traditions disparates. Les planches, excellentes, montrent avec quelle maîtrise M. Eitrem s'est acquitté de sa tâche d'éditeur. Cette belle publication apportera une contribution de premier ordre au Corpus des papyrus magiques, que nous attendons de M. K. Preisendasz.
P. Jouguet